Cancer de l'ovaire
Résumé des recommandations pour le généraliste
- Le cancer de l’ovaire survient le plus souvent après la ménopause (65 ans au diagnostic)
- Facteurs de risque du cancer de l’ovaire: antécédents de cancers sein-ovaire (mutations BRCA) ou colorectaux (Lynch), nulliparité, surpoids, ménarche précoce, ménopause tardive
- Les symptômes du cancer de l’ovaire sont aspécifiques, à l’origine de son mauvais pronostic: souleurs pelviennes ou abdominales, troubles du transit, métrorragies ou écoulements, autres signes de compression
- Au moindre doute, prescrire une échographie pelvienne sus-pubienne et endovaginale
- Prise en charge d’une masse ovarienne: IRM pelvienne et avis spécialisé dans un Centre de lutte contre le cancer concomitant
- Surveillance clinique et du CA 125 rapprochée après le traitement du cancer de l’ovaire. Un échappement secondaire est très fréquent (70%)
- Cancer de l’ovaire
- Tumeur maligne développée aux dépens de l’ovaire, le plus souvent par un adénocarcinome (+90%, dit cancer épithélial). Il survient le plus souvent après la ménopause (médiane de 65 ans au diagnostic) avec un diagnostic à un stade avancé dans 3/4 des cas (carcinose péritonéale, métastases).
- Le traitement des cancers des trompes et du péritoine primitif est calqué sur celui du cancer de l’ovaire épithélial.
- Les cancers non épithéliaux doivent être prise en charge dans la filière des Tumeurs Malignes Rares de l’Ovaire (annuaire des TMRO).
- Le cancer de l’ovaire a la particularité de répondre initialement bien aux traitements (80% des cas) avant de diffuser dans un deuxième temps (70% des cas).
Facteurs de risque du cancer de l’ovaire
- Prédisposition génétique (15-20%)
- Mutations BRCA 1 ou BRCA 2
Survenue avant 60 ans et meilleur pronostic. - Syndrome de Lynch (HNPCC) plus rare
- Mutations BRCA 1 ou BRCA 2
- Autres facteurs de risque de cancer ovarien
- Nulliparité
- Surpoids et obésité
- Ménarche précoce
- Ménopause tardive
- Âge
Facteurs protecteurs du cancer de l’ovaire: contraception orale, grossesse, allaitement, ligature des trompes, salpingectomie bilatérale.
Abréviations
- ACOG
- The American College of Obstetricians and Gynecologists
- AEG
- altération de l’état général
- CLCC
- centre de lutte contre le cancer
- INCa
- Institut national du cancer
- RCP
- réunion de concertation pluridisciplinaire
Épidémiologie du cancer de l’ovaire
- Incidence: 4714 cas (2017) soit le 8e rang chez la femme
- Mortalité: 3111 décès (2017) soit le 4e rang chez la femme
- Âge médian au diagnostic: 65 ans
- Cancer de mauvais pronostic avec 3/4 des patientes diagnostiquées à un stade avancé
- Survie à 5 ans: 43%
Au moindre doute, prescrire une échographie pelvienne sus-pubienne et endovaginale
Les signes et symptômes devant faire évoquer un cancer de l’ovaire en cas de persistance après la ménopause sont aspécifiques.
Interrogatoire
- Antécédents personnels ou familiaux
Cancers du sein ou de l’ovaire (âge au diagnostic, BRCA), cancer colorectal ou de l’endomètre (syndrome de Lynch). - Symptômes non spécifiques
- Inconfort abdominal
- Douleurs pelviennes ou douleurs abdominales
- Augmentation du volume abdominal
- Métrorragies ou écoulements vaginaux
- Signes de compression: troubles du transit, subocclusion, faux besoins, symptômes urinaires (impériosités, pollakiurie)
- Compression veineuse ou radiculaire: œdème d’un membre inférieur, phlébite, sciatique
- Dyspnée
- Douleur thoracique
- Altération de l’état général (AEG: fatigue, anorexie, amaigrissement)
- +75 ans: dépistage gériatrique (G8, VES13, FOG …)
En cas d’antécédents de cancer sein-ovaire, avis d’oncogénétique selon le score d’Eisinger. À demander également en cas de cancers familiaux du spectre de Lynch (colorectal, endomètre, ovaire, intestin grêle, uretère).
Examen clinique
- Poids, taille, IMC et variations
- Examen abdominal
- Touchers pelviens
- Palpation des aires ganglionnaires
Bilan de première intention devant une suspicion de cancer de l’ovaire
Échographie pelvienne par voie sus-pubienne et endovaginale
Si découverte d’une masse ovarienne indéterminée ou suspecte de malignité: avis d’un centre du cancer (CLCC) et IRM pelvienne en parallèle.
La découverte au stade précoce survient souvent avec la découverte d’une masse annexielle.
Le marqueur tumoral CA 125 est dosé en cas de masse indéterminée en imagerie.
Le bilan d’extension repose sur le scanner thoraco-abdomino-pelvien avec injection.
Il n’existe pas de dépistage du cancer de l’ovaire
Néanmoins une ablation opportuniste des trompes de Fallope de façon préventive peut être proposée au cours d’une chirurgie pelvienne planifiée:
- Hystérectomie
- Stérilisation
- Césarienne avec désir de stérilisation
- L’ovariectomie peut être couplée chez une femme ménopausée
ACOG 2019
Le choix du traitement dépend de la réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) et est pluridisciplinaire.
La prise en charge du cancer de l’ovaire repose essentiellement sur la chirurgie avec une chimiothérapie adjuvante voire une thérapie ciblée surajoutée (bevacizumab).
Guide d’information patiente de l’INCa
Comme pour tout cancer:
- Déclarer l’ALD n°30
- Sevrage tabagique
- Proposer un soutien psychologique
- Soins de confort
- Évaluation nutritionnelle
- Directives anticipées, personne de confiance
- Associations de patients
imagyn, Ligue contre le cancer, roseup, HNPCC - Lynch.
Pour en savoir plus sur le cancer de l’ovaire
La chirurgie du cancer de l’ovaire exige une exérèse chirurgicale sans rupture de la masse ovarienne, annexectomie bilatérale avec hystérectomie totale, omentectomie, appendicectomie, curage ganglionnaire pelvien et lombo-aortique, cytologie et biopsies péritonéale.
Pour certains stades précoces, la chirurgie avant 50 ans entraîne une stérilisation pouvant être traitée par un traitement hormonal substitutif (voir ménopause précoce).
Le cancer de l’ovaire est marqué par une extension observée dans les 2 ans (70% des cas) avec une carcinose péritonéale.
Les personnes atteintes de mutations BRCA1 ou 2 ou du syndrome de Lynch ont un suivi spécifique.
Surveillance après traitement d’un cancer de l’ovaire
- Symptômes et examen clinique avec examen pelvien à 3, 6, 12, 18 et 24 mois puis annuel
- Si chirurgie initiale complète et bon état général: CA 125 6 mois après la fin de la chimiothérapie puis tous les 6 mois
- Imagerie en cas d’élévation du CA 125
ou de traitement conservateur (échographie pelvienne)
Principales localisations à risque de second cancer
- Leucémie aiguë myéloïde (agents alkylants surtout)
- Cancer colorectal (si cancer de l’ovaire avant 50 ans ou syndrome de Lynch)
- Cancer du sein (si cancer de l’ovaire avant 50 ans ou mutation BRCA)