Lombalgie commune et lumbago
Poussée aiguë de lombalgie
Résumé des recommandations pour le généraliste
- Ces recommandations concernent la lombalgie dégénérative (non traumatique, tumorale, infectieuse ou inflammatoire)
- Toujours rechercher des signes d’alerte devant une lombalgie (drapeaux rouges ++)
- « Le bon traitement, c’est le mouvement » (Affiches pour la salle d’attente)
L’activité physique est le traitement principal des douleurs lombaires. - Renforcement musculaire dorsal: Appli Activ’ Dos
- On prononce lom-bago
- Poussée aiguë de lombalgie
- Remplace le terme de lombalgie aiguë.
- Survenue de douleurs lombaires avec ou sans douleur de fond préexistante (HAS) pendant moins de trois mois.
- Lombalgie chronique
- Douleur de la région lombaire durant plus de 3 mois. Elle peut s’accompagner d’une radiculalgie uni/bilatérale à la fesse, crête iliaque voire la cuisse, dépassant exceptionnellement le genou.
- On différencie la lombalgie non dégénérative (traumatique, tumorale, neurologique, infectieuse ou inflammatoire) ou dégénérative (discogénique, facettaire ou mixte, ligamentaire, musculaire ou par trouble de la statique rachidienne).
- Elle est dite commune en l’absence de Signes d’alertes, 1 à 5% ont une pathologie sous-jacente.
- Pathologie extrêmement fréquente (50% sur 12 mois) et le plus souvent bénigne (90% de guérison en < 6 semaines).
- Lombalgie récidivante
- Récidive de lombalgie sous 12 mois. Lombalgie à risque de chronicité (durée > 3 mois et présence de drapeaux jaunes).
Épidémiologie de la lombalgie
- La lombalgie touche principalement les 40-60 ans sans prédominance de sexe
- Évolution vers la chronicité: 6-8%
- Impact économique: le coût annuel dépasse les 900 millions d’euros
- La lombalgie représente 30% des arrêts de travail de +6 mois et 20% des accidents du travail
- 3e motif d’admission en invalidité
- 2014-2017: 481.300 entrées aux Urgences, 10% hospitalisées
Signes de gravité à rechercher devant une lombalgie aiguë ou chronique.
Drapeaux rouges (pathologies graves)
- Âge < 20 ans ou > 55 ans
- Antécédent traumatique violent
- Douleur constante, progressive, inflammatoire
- Douleur dorsale
- Antécédents tumoraux
- Corticothérapie prolongée (dont asthme)
- Toxicomanie, immunosuppression, VIH
- AEG, perte de poids inexpliquée
- Fièvre
- Symptômes neurologiques hors radiculalgie limitée
Sphincters, moteur, paresthésies pubis/périnée. - Déformation rachidienne
Drapeaux jaunes (personne)
- Pensées
Catastrophisme, croyances sur l’état, la douleur, la nocivité, attentes négatives du futur. - Sentiments
Inquiétude, détresse, anxiété/dépression, peur du mouvement, incertitudes sur le futur. - Comportement
Description de symptômes extrêmes, stratégies passives (ceinture, immobilité), inefficacité des traitements.
Arrêt > 4 semaines: rechercher drapeaux bleus et noirs et expertise avec le médecin du travail pour l’adaptation du poste.
Drapeaux bleus (travail)
- Charge physique de travail élevée
- Incapacité d’adapter le poste
- Stress au travail
- Manque de support social
- Insatisfaction au travail
- Faible espoir de retour au travail
- Crainte d’une nouvelle blessure
Drapeaux noirs (contexte)
- Incompréhension entre les acteurs
Patient, médecin, employeur. - Compensation financière
- Croyance de l’entourage
- Isolement social
- Politique de l’entreprise inadaptée
- Retard dans les processus
Interrogatoire
- Âge
Risque de fracture après 70 ans. - Antécédents personnels
Traumatisme récent, tumeur, neurologique, infectieux ou inflammatoire-rhumatismal. - Antécédents familiaux
- Traitements
Corticothérapie prolongée (+3 mois, dont inhalée), iatrogénie (statine, gabapentine, ciclosporine, colchicine …). - Toxiques
- Niveau d’activité physique
- Douleur lombaire
- Antécédents
- Facteur déclenchant
- Ancienneté
- Caractères mécanique ou inflammatoire, type de douleur
- Radiculalgie
- Déformation rachidienne
- Examen neurologique
- Examen et périmètre de marche déclaré
- Douleurs neuropathiques (DN4)
- Rechercher un syndrome de la queue de cheval
- Signes généraux
AEG, fièvre. - Identifier les peurs, croyances, contexte psychologique et social (facteurs de risque de chronicité)
Explications sur la solidité de la colonne vertébrale. L’atteinte est musculaire ou ligamentaire. - Évaluation du risque de chronicité
STarT Back screening tool et questionnaire Örebro version courte (PDF). - Signes négatifs
- Traumatisme
- Douleurs résistantes
- Immunosuppression
- Antécédents tumoraux, AEG
- Localisations multiples
- Signes urinaires, gynécologiques
- Signes inflammatoires
Examen clinique
- Température
- Poids, taille, IMC
- Trouble de la statique rachidienne
- Palpation rachidienne
- Mobilités du rachis lombaire
- Examen neurologique des membres inférieurs
- Signes négatifs
- Douleurs: épines lombaires, sacro-iliaques, hanches, fessiers
Aucun bilan n’est recommandé dans les 6 premières semaines d’évolution de la lombalgie (sauf Drapeau rouge).
Expliquer au patient pourquoi l’imagerie n’est pas nécessaire
Pas de renouvellement de l’imagerie sauf modification des symptômes. Expliquer les termes du compte-rendu au patient.
Radiographies rachidiennes
Indications aux radiographies pour lombalgie:
- Drapeau rouge (dont âge < 20 ou > 55 ans, voir Signes d’alerte)
- Instabilité ou troubles de la statique
- Femme ménopausée avec rachialgies (SFR 2018 ostéoporose)
- Perte de taille ≥ 4 cm (comparaison à l’âge de 20 ans)(SFR 2018 ostéoporose)
- Perte de taille ≥ 2 cm par rapport aux précédentes mesures (SFR 2018 ostéoporose)
- Antécédent de fracture vertébrale (SFR 2018 ostéoporose)
- Corticothérapie prolongée, anti-aromatase/androgène (SFR 2018 ostéoporose)
« Il n’y a aucun parallélisme entre radiographies standards et clinique » (COFER)
IRM lombaire
Indications à l’IRM lombaire: lombalgie chronique, geste invasif prévu (infiltration épidurale ou chirurgie).
L’exercice physique est le traitement principal permettant une évolution favorable de la lombalgie (HAS 2019)
La prise en charge de la lombalgie est centrée sur le patient (bio-psycho-sociale) avec décisions partagées.
Recommandations pour le traitement et la prise en charge de la « poussée aiguë de lombalgie »:
- Éducation du patient
- Expliquer les termes et le pronostic favorable
- Informations Ameli sur la lombalgie.
- Maintien d’une activité normale
- Antalgiques pour la lombalgie aiguë
- Le paracétamol ne fait pas mieux que le placebo (Cochrane)
- Les opioïdes ne font pas mieux que le placebo (CNGE)
- Les anti-inflammatoires AINS ont une faible efficacité (Cochrane)
- Application de chaleur (Prescrire)
- Réévaluer sous 2-4 semaines
- Exercice physique dès que possible
- Améliore l’évolution et limite le risque de récidive
- Accompagnement initial par kinésithérapeute possible
- Renforcement à distance: Activ’Dos
- Ostéopathie possible si couplée au renforcement
- Radiculalgie persistante et sévère: infiltration épidurale
- Ceintures lombaires rigides: peuvent être envisagées pour aider à la reprise d’activités.
- Facteurs de chronicisation: psychologue
- Envisageables: relaxation, méditation pleine conscience ou hypnose
- Arrêt de travail
Indication: douleurs intenses le justifiant, courte durée 5 jours puis réévaluation (Ameli 2017 (PDF))
Ne pas utiliser pour une lombalgie: néfopam (Acupan®), corticoïdes, myorelaxants
L’acupuncture n’a pas d’efficacité sur l’évolution de la lombalgie.
Lombalgie à risque de chronicité ou chronique
- Impliquer: kinésithérapeute, rhumatologue, spécialiste de médecine physique et de réadaptation, médecin du travail voire spécialiste de la douleur ou chirurgien du rachis
- Éducation à la neurophysiologie de la douleur
- Programme de rééducation MPR
Indications: facteurs psychosociaux faisant obstacle à leur rétablissement, échec de prise en charge active. - Prise en charge spécifique des douleurs neuropathiques
Ne pas utiliser: ultrasons, tractions lombaires.