Rhumatisme à pyrophosphate de calcium (ex chondrocalcinose articulaire)

Pseudogoutte, arthropathie à pyrophosphates, arthrite aiguë à pyrophosphate

BiblioEULARMis à jour

Résumé des recommandations pour le généraliste

  • Le rhumatisme à pyrophosphate de calcium (PPC) désigne l’ancienne chondrocalcinose articulaire (CCA), aussi appelée pseudogoutte du fait des accès suraigus typiques
  • La crise de rhumatisme à PPC entraîne un tableau très inflammatoire de monoarthrite (ou +) microcristalline: sujet âgé, début brutal, douleurs intenses avec inflammation locale très marquée du genou, du poignet ou de l’épaule, signes généraux possibles
  • Le tableau de chondrocalcinose est difficile à différencier de l’arthrite septique
  • Bilan de première intention d’un accès de rhumatisme à pyrophosphate de calcium: NFS, CRP (qui peut être très élevée) ± uricémie
  • Le diagnostic de certitude nécessite une ponction articulaire
  • La prise en charge et le traitement des accès de rhumatisme à PPC est identique à celui de la goutte: repos, glaçage, AINS ou colchicine 0,5 mg x 3/j ou corticoïdes selon le terrain, voire ponction évacuatrice ± infiltration de corticoïdes
  • Le bilan étiologique comporte: ferritine, calcium, magnésium, PAL, TSH

Chapitre lié: goutte et hyperuricémie

Rhumatisme à pyrophosphate de calcium
ex Chondrocalcinose articulaire ou pseudogoutte
Arthropathie microcristalline à pyrophosphate de calcium (PPC) la plus souvent idiopathique. Le diagnostic est biologique avec la mise en évidence des cristaux sur ponction articulaire. Le tableau peut varier: crises suraiguës occasionnelles (le plus souvent), crises répétées ou atteinte chronique.
Une forme secondaire à une hémochromatose ou une hyperparathyroïdie primitive doit être recherchée. Deux autres causes plus rares sont possibles: hypophosphatasie congénitale et syndrome de Gitelman (magnésémie basse), recherchées sur un simple bilan biologique.

Abréviations

PPC
pyrophosphate de calcium

Le diagnostic différentiel principal de l’arthrite aiguë à pyrophosphate de calcium est l’arthrite septique qui peut coexister avec une poussée de PPC

Sémiologie classique suraiguë des accès microcristallins articulaires:

  • Sujet âgé (+65 ans) pour le rhumatisme à pyrophosphate de calcium
    ou femme plus jeune pour les crises calciques apatitiques (péri-articulaires)
  • Début brutal et aggravation rapide (6-24 h)
  • Douleurs intenses
  • Inflammation locale très marquée (rougeur, chaleur, œdème)
  • Récupération spontanée en quelques jours (3-4 j) avec guérison totale
  • Des signes généraux sont possibles: fièvre, frissons
  • Monoarthrite du genou, du poignet ou de l’épaule +++
  • En cas de dépôts calciques apatitiques péri-articulaires: douleurs de coiffe de l’épaule ou pseudo-abcès récidivants des doigts ou des poignets

Éléments à étayer lors de l’examen clinique:

  • Antécédents
    Hémochromatose, poussées identiques, polyarthralgies (polyarthrite rhumatoïde), traumatismes articulaires, métaboliques.
  • Antécédents familiaux
    Articulaires, hémochromatose.
  • Traitements en cours: biphosphonates

Une chronicisation des symptômes est possible, devant faire évoquer une polyarthrite rhumatoïde.

Le diagnostic de certitude de la chondrocalcinose repose sur l’identification de cristaux de pyrophosphate de calcium articulaires

Bilan d’une suspicion de chondrocalcinose articulaire (rhumatisme à PPC)

Bilan devant une monoarthrite évocatrice de rhumatisme à pyrophosphate de calcium (chondrocalcinose):

  • NFS (hyperleucocytose) et CRP élevée possibles
  • Créatininémie
  • Diagnostic différentiel: uricémie, ferritinémie
  • Radiographies de l’articulation avec comparatif

Le diagnostic de certitude nécessite une ponction articulaire diagnostique pour la mise en évidence de cristaux calciques.

Bilan étiologique en cas de diagnostic de rhumatisme à pyrophosphate de calcium confirmé

En cas de diagnostic confirmé, le bilan étiologique (à distance) recherche une chondrocalcinose secondaire:

  • Ferritinémie (hémochromatose)
  • Calcémie (hyperparathyroïdie primitive)
  • Magnésémie (hypophosphatasie congénitale)
  • Phosphatases alcalines (PAL, syndrome de Gitelman)
  • TSH (dysthyroïdie)

Radiographies articulaires

Radiographies de l’articulation atteinte avec comparatif. Les radiographies recherchent des dépôts intra ou péri-articulaires (présents dans seulement 40% des cas).

Une échographie articulaire peut être proposée en cas de suspicion de dépôts péri-articulaires (tendinopathies répétées).

La prise en charge et le traitement des rhumatismes à pyrophosphate de calcium est adapté au terrain et à la forme clinique.

Aucun traitement n’est nécessaire pour une forme asymptomatique du rhumatisme.

Adresser au rhumatologue en cas de: rhumatisme de type chondrocalcinosique avant 50 ans (recherche de maladie associée) ou en cas de polyarthrite.

Prise en charge du rhumatisme à cristaux de PPC (ex chondrocalcinose)

Le traitement est symptomatique identique à celui de la crise de goutte:

  • Repos, glaçage
  • Anti-inflammatoires AINS ou colchicine 0,5 mg x 3-4/j
  • Voire corticothérapie orale en cas de comorbidités
  • En cas de symptômes sévères: ponction évacuatrice ± infiltration de corticoïdes

Chez le sujet âgé, attention aux interactions et effets indésirables des AINS et de la colchicine.

En cas de récidives fréquentes des crises de rhumatisme à PPC, un traitement prophylactique au long cours est possible: colchicine faible dose (0,6 mg x 2/j dans les études) voire AINS (peu étudiés).

Traitement de l’atteinte chronique du rhumatisme à cristaux de PPC

En cas d’atteinte chronique (symptômes persistants), les traitements préférentiels de l’EULAR sont dans l’ordre:

  • AINS ou colchicine faible dose (0,5-1 mg/j)
  • Corticothérapie faible dose
  • Voire méthotrexate 5-10 mg/sem
    ou hydroxychloroquine 100-400 mg/j

Tendinopathie calcifiante ou inflammation péri-articulaire d’origine apatitique

Le traitement est identique: repos, glaçage, AINS, voire corticothérapie orale (30 mg/j) en cure courte de 3 à 5 jours.

Adresser au rhumatologue si: épaule douloureuse chronique avec calcifications ou accès inflammatoires récidivants sur calcifications multiples.

graph TB
  suspicion["Suspicion de rhumatisme à PPC

Début brutal et rapidement
progressif de
monoarthrite du sujet âgé:
- Genou, poignet ou épaule
- Signes locaux intenses
- Récupération rapide"] --> clinique("Clinique

- Antécédents
- Traitements
- Porte d'entrée ?
- Différentiel: purines, bière") --> bilan("Bilan

- NFS, CRP
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± Échographie articulaire") --> traitement("Traitement

- Repos, glaçage
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diagnostique ± évacuatrice") -- Confirmation diagnostique --> bilan2("Recherche de rhumatisme
secondaire


- Ferritine
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septique" --> ponction("Ponction articulaire
urgente") rhumatologue -- Diagnostic différentiel --> différentiel("- Goutte
- Polyarthrite rhumatoïde
- PPR
- Arthrose") style suspicion stroke:#4150f5, stroke-width:1px
Figure. Prise en charge du rhumatisme à pyrophosphate de calcium PPC (ex chondrocalcinose articulaire) par le médecin généraliste. Dr JB Fron d'après Cowley 2023 et EULAR.