Saturnisme
Intoxication au plomb
Résumé des recommandations pour le généraliste
- Déclaration obligatoire du saturnisme pour enfants avec plombémie ≥ 50 µg/L
- Prise en charge du saturnisme: Repérer les facteurs de risque, doser la plombémie, déclaration obligatoire au médecin inspecteur de santé publique
- Saturnisme
- Imprégnation excessive des individus au plomb. Toxicité sans seuil avec effets même à faible concentration.
Le plomb est un toxique sans rôle physiologique, il s’accumule principalement dans le squelette avec une demi-vie supérieure à 10 ans. Contamination par voie digestive ou respiratoire. L’intoxication par le plomb est à l’origine du saturnisme. - Maladie à déclaration obligatoire chez les enfants pour une plombémie ≥ 50 µg/L (définition du cas de saturnisme depuis juin 2015).
- Le saturne était le plomb chez les grecs
- Pica
- Trouble du comportement alimentaire caractérisé par l’ingestion prolongée (> 1 mois) de substances non comestibles non nutritives.
Épidémiologie du saturnisme
25% des enfants 1 à 6 ans ont une plombémie > 25 µg/L (InVS).
Objectif de Santé Publique 2017:
- Plombémie moyenne de 12 µg/L pour la population
- 98% de la population avec plombémie < 40 µg/L
- Jeune enfant
- Les plus exposés par ingestion de poussières.
Diminution des performances cognitives et sensorimotrices (audition), altération du comportement et des développements staturo-pondéral et sexuel.
Plombémie 12 µg/L entraîne la perte d'1 point de QI. - Femme enceinte
- Altération du développement fœtal.
- Adolescent et adulte
- Augmente le risque de maladie rénale chronique, d’hypertension artérielle, diminue la fertilité masculine.
Repérer systématiquement aux examens obligatoires des 9e et 24e mois les enfants à risque, ainsi que lors de l’entretien prénatal pour chaque grossesse au 4e mois ou pour toute femme avec désir d’enfant.
Facteurs de risque d’exposition au plomb
- Peintures au plomb dans l’habitat ancien. De loin la 1re cause
Habitations avant 1949 (même recouvertes de peintures récentes), voire 1975 et travaux de rénovations dans les 6 derniers mois (répandent le plomb) - Environnement de site industriel rejetant (ou ayant rejeté) du plomb (2e cause).
- Arrivée récente en France +++
- Activité professionnelle exposant au plomb
Restauration de vitraux, fonderie, céramiques ou émail, munitions, plombs de pêche ou de petits soldats en plomb. - Eau du robinet contaminée par des canalisations en plomb (installations privées vétustes)
- Aliments provenant de pays avec essence au plomb
- Vaisselles céramiques décorées, cosmétiques traditionnels (khôl, surma)
En cas de présence de facteurs de risques d’exposition au plomb, soumettre ce questionnaire standardisé aux parents:
- Séjour régulier dans un logement construit avant 1949 ?
Si oui, y a-t-il de la peinture écaillée accessible à l’enfant ? - Travaux de rénovation dans un habitat construit avant 1949 ?
- Habitat dans une zone proche d’une source d’exposition industrielle ?
- Occupation professionnelle ou activités de loisirs des parents ?
Apport de poussières par les chaussures, les vêtements de travail. - Tendance de l’enfant au comportement de pica ?
- Connaissance d’un frère, d’une sœur ou d’un camarade intoxiqué par le plomb ?
- Familles en situation de précarité
Niveau de revenus, bénéficiaires d’aides sociales - Populations itinérantes
Gens du voyage: terrain pollué, maniement de matériels pollués - Immigration récente
En présence de facteurs de risque, une plombémie doit être réalisée
Maladie le plus souvent silencieuse.
Clinique peu spécifique pour des taux modérés (100 à 450 µg/L):
- Troubles digestifs
Anorexie, douleurs abdominales, constipation, vomissements. - Troubles du comportement
Apathie, irritabilité, hyperactivité. - Troubles de l’attention et du sommeil
- Retard psychomoteur, intellectuel, des acquisitions.
- Pâleur (anémie)
- Taux de plombémie > 450 µg/L: encéphalopathie saturnine avec hypertension intracrânienne (HTIC) et convulsions.
Plombémie chez les sujets à risque (~20€).
Préciser sur l’ordonnance:
- Identification médecin et patient
- Critères motivants l’examen
- Date du précédent dosage, traitements réalisés depuis le précédent dosage
Prise en charge d’une plombémie chez l’enfant ≥ 50 µg/L:
Transmettre la fiche émise par le laboratoire (Cerfa 12378*03) au médecin inspecteur de santé publique (MISP) de l’ARS sous pli confidentiel avec mention « secret médical ».
Recommandations pour la prise en charge d’un saturnisme:
- Seuil d’intervention rapide et déclaration obligatoire pour les enfants avec un plombémie ≥ 50 µg/L
- Seuil de vigilance à partir de 25 µg/L qui signe une exposition chronique.
Nécessite d’informer les familles et le dosage trimestriel de la plombémie afin de contrôler les mesures d’éviction. - Hospitalisation en urgence quand plombémie > 450 µg/L
- Éviction des sources d’exposition
- Conseils hygiéno-diététiques (voir Information du patient)
- Enquête autour d’un cas-index
- S’assurer que les enfants n’ont pas accès à des peintures écaillées à l’intérieur (particulièrement au niveau des fenêtres et des radiateurs) et à l’extérieur de la maison.
- Utiliser une serpillière humide pour nettoyer les carrelages et les sols, et non le balai et l’aspirateur
- Laver les jouets régulièrement
- Laver les mains des enfants avant chaque repas et leur couper les ongles
- Faire couler l’eau du robinet quelques instants avant consommation si les canalisations sont en plomb
- Ne pas consommer les légumes et fruits des jardins si le sol est pollué par le plomb
- Ne pas utiliser pour l’alimentation de poteries ou de vaisselle en céramique ou en étain à usage décoratif, non expressément prévues pour un usage alimentaire
- S’assurer de l’absence d’autres sources d’intoxication
- Cosmétiques (khôl, surma) ou produits à usage médicamenteux de provenance moyen-orientale ou asiatique
- Matériaux utilisés dans le cadre des loisirs: figurines en plomb, poterie, plombs de chasse